Improviser en Jazz, c'est jouer (sur-le-champ) une partition qui n'est pas celle originalement écrite. J'y inclus le mot "spontanéité" dans cette discussion puisque je pense que cela est lié à l'improvisation. La spontaniété apporte un ensemble d'imprévu et d'impromptu qu'une bonne improvisation doit avoir.
Certains commentateurs pensent que l'improvisation est un élément essentiel du Jazz. Mais cette opinion doit être nuancée puisque le Jazz peut être interprété aussi par une big band d'après des partitions écrites, même sans solo. Aussi, des jazzmen depuis le début du jazz ont reproduit des thèmes bien rodés qu'ils ont parfois appris par coeur. L'élément de "spontanéité" contribue à rendre interéssant ce type de jazz puisqu'il ajoute de subtiles nuances à l'exposé du thème. Définir cet élément de "spontanéité" est évidemment évanescent mais il se ressent à l'écoute.
L'improvisation du jazz peut être collective comme dans le style "Nouvelle Orléans Traditionnel" où il y a de la polyphonie, ce qui est une combinaison de plusieurs mélodies jouées en même temps par les membres du groupe. Ou bien, une improvisation peut être individuelle losqu'un musicien prend un solo.
Un thème est composé par une mélodie basée autour d’une tonalité (une des notes de la gamme), des accords et un rythme. Une improvisation est construite sur des émbellissements ou des modifications de la mélodie, aussi sur la succession des accords qu’on peut appeler la grille harmonique du thème, et par des modifications du rythme. Donc, le musicien doit jongler avec de ces différents paramètres sur le champ ce qui rend l’improvisation compliquée, exigeant une bonne connaissance musicale, de la coordination et une maîtrise de son instrument. En même temps, un musicien doit adopter son propre style et ne pas avoir peur d’innover.
Concernant la qualité de l'improvisation, un grand saxophoniste et pédagogue de jazz, Jerry Coker, qui a joué avec Woody Herman, a écrit un livre célébre sur l'improvisation "Improvising Jazz".
Coker explique que l'improvisation peut être évaluée sur une échelle de 1 à 100. A un bout de l'échelle on trouve une simplicité ennuyeuse qui n'a rien d'intéressant ou de spontané puisqu'on peut prévoir chaque note à l'avance. A l'autre bout de l'échelle l'improvisation est tellement chaôtique, éloignée de la mélodie, imprévisible qu'on ne peut pas trouver le moindre sens à l'ensemble. Au deux bouts de l'échelle, l'auditeur s'ennuie et trouve la musique désagréable et ennuyeuse. C'est entre les deux bouts de cette échelle que l'on trouve, soit moins soit plus de complexité et donc du plaisir selon ses gouts. Une question se pose souvent: Est-ce qu'on peut apprendre l'improvisation? En effet, il y a de très bons musiciens classiques qui maitrisent bien leurs instruments mais qui ne peuvent pas improviser. Duke Ellington a dit qu'au début du jazz les gens considéraient les improvisations des jazzmen comme un numéro de cirque. Effectivement, beaucoup de jazzmen au début avaient peu ou pas d'instruction musicale, mais ils avaient le talent et l'oreille qui leur permettaient d'improviser intuitivement. Certaines personnes ont ce talent, mais d'autres doivent suivre un autre chemin vers l'improvisation. Ils doivent passer par l'apprentissage des gammes, des arpèges et de la technique instrumentale. Ensuite, avec un bon enseignement par un jazzman pédagogue et beaucoup de pratique, ils arrivent à se lancer dans l'improvisation du jazz. L'écoute des enregistrements des jazzmen est un passage obligé pour arriver à un bon niveau. Il y a aussi des méthodes, comme celles de Jerry Coker ou d'autres qu'on peut étudier. Avec l'oreille, l'écoute, la pratique, et l'enseignement on peut apprendre à improviser jusqu'à un certain point. Mais comme dans tous les Arts, il faut un certain talent pour bien improviser. Pour apprécier les éléments d'improvisation, cela passe par une écoute régulière et attentive. Plus on écoute et plus on éprouve du plaisir à entendre cette "spontanéité" dans le Jazz.