Au début du jazz et même avant que le jazz se soit développé vers le début du 20ème siècle, les musiciens ont souvent fabriqué artisanalement leurs instruments de musique. Les afro-américains étaient particulièrement habiles dans cette activité, par nécessité car ils n'avaient pas assez d'argent pour acheter des instruments de musique tout fait.
Parmi les instruments qu’ils bricolaient, avec beaucoup d'astuce, il y avait des guitares, des violons, et des "washtub bass" : contre-bassine ( Une bassine renversée percée par avec un manche à balai sur lequel est attaché en haut du manche une corde, et en appuyant sur la corde contre le manche, on obtient des notes un peu similaire à une contre-basse classique).
L’instrument de ce genre le plus utilisé dans le jazz est le “washboard” que l’on frappe avec des dès enfilés aux doigts. Le rythme produit par un bon praticien de la planche à laver est séduisant. On peut le comparer dans son rythme et sa légèreté à l’effet produit par un danseur de claquettes comme Fred Astaire ou Gene Kelly.
En France le washboard a été particulièrement développé parce qu’il est très portable, ce qui est important pour des groupes ambulants dans les rues et aussi parce que dès le début, un certain nombre de musiciens ont pris très au sérieux ses possibilités musicales.
On peut dire que Gilbert Leroux, un des fondateurs du groupe “Les Haricots Rouge” au début des années 60 est le père fondateur des joueurs français de washboard. Comme nombreux d’autres washboardistes français, il a étudié les grands maitres américains du washboard du début du jazz comme Baby Dodds, Jimmy Bertrand, et Washboard Sam. Certains grands musiciens comme Lu Watters (trompettiste) et Turk Murphy (tromboniste) ont aussi joué parfois du washboard.
Plusieurs choses sont uniques lorsqu’on considère le washboard. C’est un instrument qu’on ne peut pas acheter tout fait dans un magasin. Les washboardistes doivent fabriquer eux-mêmes leur instrument à partir de plusieurs éléments: la planche à laver elle-même (une tôle ondulée), des dés, des cymbales, des petites casseroles, des wood-blocks (blocs de bois), un klaxon poire et bien d’autres choses encore.
Ainsi, chaque washboardiste fabrique son instrument selon ses propres goûts et l’usage qu’il compte en faire, soit pour jouer dans les rues ou rester sur place dans un groupe.La tradition du washboard, lancé par des pionniers américains du jazz comme Baby Dodds et Jimmy Bertrand, est très vivante en France. Le washboard est un instrument humble, sans prétentions, délicat, portable et surtout très swinguant dans les mains d’un bon musicien. Heureusement, en France nous avons un bon nombre d’excellents praticiens de cet art.